Le commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski estime que les céréales ukrainiennes peuvent, si nécessaire, être transportées à travers le territoire EU via les ports d'Allemagne et des Pays-Bas. Dans ce cas, la EU devrait payer les frais de transport supplémentaires, car sinon les céréales seraient beaucoup trop chères.
Jusqu'à présent, le transport maritime s'effectuait principalement à partir de ports de Pologne, des pays de la mer Baltique, de Bulgarie et de Roumanie. L'expansion des « routes de solidarité » vers des ports plus éloignés est devenue nécessaire après que la Russie a annulé en juillet l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes à travers la mer Noire. Le commissaire commercial EU, Valdis Dombrovskis, a demandé à Moscou de rétablir cet accord.
La subvention des coûts de transport ukrainiens est l'une des variantes discutées cette semaine au sein de la commission de l'agriculture du Parlement européen. Des sources affirment que la Commission européenne ne dispose pas encore de budget supplémentaire ni de moyens clairs pour aider à financer les coûts de transport supplémentaires.
Le commissaire à l'Agriculture Wojciechowski rendra compte jeudi de la dernière situation, alors que « l'interdiction temporaire d'exporter » de l'Ukraine vers les cinq pays voisins du EU expire le 15 septembre. Ces derniers mois, la levée des droits d'importation vers les pays EU a conduit de nombreux produits agricoles ukrainiens à se retrouver dans ces cinq pays voisins, perturbant ainsi les marchés locaux.
Ces cinq pays ont demandé à Bruxelles de prolonger l'interdiction au moins jusqu'à la fin de cette année. Le commissaire Wojciechowski est en fait d'accord avec cela, mais les autres commissaires du EU et les pays du EU estiment qu'il s'agit d'une mesure anti-Ukraine trop importante.
La Pologne a averti que si l'Union européenne ne donnait pas son feu vert pour étendre les restrictions, Varsovie les imposerait unilatéralement si nécessaire et les agriculteurs polonais seraient prêts à bloquer à nouveau les passages frontaliers. "La Pologne le fera certainement, la Hongrie le fera certainement", a déclaré hier le ministre polonais de l'Agriculture, de la Nature et de la Qualité alimentaire, Robert Telus.
La question des importations de céréales ukrainiennes menace ainsi de conduire à un nouveau différend diplomatique entre la Pologne et l’Ukraine, au milieu d’une campagne électorale polonaise déjà houleuse. L’avenir du secteur agricole polonais et les relations avec l’Ukraine jouent à cet égard un rôle majeur. Kiyv souhaite devenir membre du EU le plus rapidement possible.
La semaine dernière, la Fédération agricole polonaise a publié un rapport sur l'avenir et la nécessaire modernisation de l'agriculture polonaise. Il prévient, entre autres, que la Pologne ne sera pas en mesure de rivaliser avec ses voisins ukrainiens dans quelques années.