Les ministres de l'Agriculture des pays EU conviennent que le financement actuel de la politique agricole commune pour la période 2025-2027 devrait être largement poursuivi, y compris les recommandations du dialogue stratégique de la présidente de la Commission Von der Leyen.
Mais lors de leur réunion mensuelle de deux jours à Luxembourg, les ministres n'ont pas pris position sur la suppression des subventions agricoles après 2028, comme le suggéraient des notes officielles (non encore approuvées) de Bruxelles.
Avec le cadre financier pluriannuel (CFP), le Parlement européen de Strasbourg ouvre déjà la voie à une éventuelle réorganisation du budget EU, comme l'a récemment proposé l'ancien Premier ministre italien Mario Draghi. Il estime que le EU devrait devenir beaucoup plus compétitif économiquement sur la scène mondiale et estime que Bruxelles peut « transférer » de nombreuses tâches et pouvoirs aux différents pays EU.
Une telle « renationalisation » dans de nombreux domaines politiques présenterait des similitudes majeures avec les plans stratégiques nationaux (PSN) utilisés dans la politique agricole depuis plusieurs années. Mais de nombreux ministres de l’Agriculture étaient réticents. Le ministre autrichien Totschnig a déclaré que la politique agricole européenne « n'a pas besoin d'une révolution », mais que les agriculteurs européens ont besoin de certitude.
Le ministre allemand Özdemir a déclaré que « toute la discussion sur le CFP s'est retrouvée sur la mauvaise table de conférence ». Il a souligné que les pays EU n’ont encore fait aucune déclaration sur un tel scénario futur après 2028.
Un autre point délicat concerne l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Certains pays EU affirment que les importations de produits agricoles en provenance d’Amérique du Sud exerceront une pression sur la compétitivité des agriculteurs européens. La France notamment risque de vouloir empêcher la ratification du traité. D’autres pays EU, comme l’Espagne et l’Allemagne, ont une attitude beaucoup plus nuancée à ce sujet.
À Bruxelles, il a été proposé d'introduire un « système de dommages et intérêts » pour les agriculteurs qui peuvent démontrer qu'ils subiront effectivement des pertes à cause du Mercosur. L’influente organisation faîtière agricole Copa-Cogeca a déjà rejeté cette proposition. La Commission européenne souhaiterait ratifier officiellement le traité du Mercosur lors de la réunion du G20 en novembre. Les agriculteurs français ont déjà appelé à de nouvelles manifestations paysannes.