La France semble détenir l’atout final quant à la poursuite ou non de l’utilisation du glyphosate. Pour l'instant, il n'y a pas de majorité suffisante au sein du EU pour une interdiction totale de l'utilisation en agriculture et horticulture, mais éventuellement pour « la variante française » d'une restriction significative.
La majorité est également insuffisante pour une prolongation de dix ans du permis d'exploitation.
Une étude comparative du comportement électoral des 27 pays EU montre que 18 des 27 États membres ont accepté la proposition européenne d'extension, y compris certaines limitations techniques. Cette proposition de la Commission permet également aux pays EU d'imposer leurs propres conditions supplémentaires. Ces 18 pays sont en effet plus que les 15 pays requis (=55%), mais ensemble ils n'atteignent pas les 65% requis du nombre d'habitants EU, mais seulement 55 03%.
Six pays se sont abstenus vendredi dernier : la France, l'Allemagne, la Bulgarie, la Belgique, Malte et les Pays-Bas, représentant ensemble 41,96 % de la population EU. Seuls trois pays (la Croatie, l'Autriche et le Luxembourg) ont voté catégoriquement contre la proposition de la Commission (3,01 pour cent).
Cela signifie que même si les six « abstentionnistes » votaient contre, les neuf ensemble n'atteindraient pas la population de 65 pour cent, ni les 15 pays requis. Cela signifie qu’un blocage du glyphosate dans le EU est pour le moment hors de question, à moins que de nouvelles preuves scientifiques sur sa nocivité n’apparaissent dans les années à venir.
En outre, le passage de quatre des «abstentionnistes» (Pays-Bas, Malte, Belgique, Bulgarie) dans le camp pro ne permettrait toujours pas à la proposition de la Commission d'atteindre les 65 pour cent requis. Ensemble, ces quatre pays relativement petits n’atteignent pas les 9 97% d’habitants manquants. L'Adema ne peut donc pas aider les opposants à obtenir la majorité. Seules la France (15%) et l'Allemagne (18,5%) sont chacune suffisamment grandes pour aider la proposition à obtenir une majorité.
On ne peut pas s'attendre à ce que l'Allemagne passe de l'abstention à l'option favorable, car la coalition allemande des feux tricolores est trop divisée en interne à ce sujet. La situation est similaire à celle de la Belgique et des Pays-Bas : ils ont également des arguments de fond pour s'abstenir.
La France, en revanche, a clairement indiqué ces dernières années que l’agriculture aurait encore besoin de glyphosate pour le moment, mais dans une mesure très limitée. Les Français eux-mêmes appliquent déjà la réglementation selon laquelle un agriculteur ne peut pas utiliser plus d'un certain nombre de kilos par hectare, et ce uniquement dans des zones écologiquement non vulnérables. Par ailleurs, la France considère qu'une nouvelle période d'autorisation de dix ans est trop longue et souhaite une utilisation limitée à sept ans maximum.
Le président de la commission de l'environnement du Parlement européen, Pascal Canfin (Renew), a appelé le week-end dernier la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à retirer la « proposition inacceptable » et à procéder à des ajustements. Le libéral français Canfin est considéré comme un fidèle allié du parti libéral En Marche du président français Macron.
Un porte-parole de la Commission européenne a confirmé vendredi qu'un "dialogue" pourrait encore avoir lieu entre les Etats membres pour parvenir à un compromis.